Irisation de la surface
Catherine Cazalé, juillet 1997

Pour le catalogue de l’exposition “Poids lourds, Cologne-Paris” la Rheinania à Cologne et le Galerie EOF, Paris.

En abandonnant les grands corps qu’il peignait, Bayetto s’est sûrement posé une série de questions comme celle-ci « Comment entreprendre la couleur après les prestigieux travaux de ses aînés américains (Rothko, Newman, Noland) ? »

D’abord en revenant à la pratique de l’huile dont la dulcite permet aussi bien le repentir que le contrôle de la lumière et des formes. Ensuite, en tenant sa peinture à l’écart de toute affectation emphatique, de toute idée de style particulier. La géométrie (bande, croix) qu’on peut y repérer, n’étant elle-même qu’une sorte de données sobre, mais suffisamment perceptible pour y voir le point de départ à une expérience phénoménologique, portant à la fois sur ses qualités visuelles et sur son procès d’intention.

A maints égards Bayetto poursuit la tradition d’une certaine ontologie de la peinture, de l’analyse de ses champs. Cela dit, le cantonner dans ce seul espace serait faire injure à sa capacité de séduire le spectateur le plus ignorant des enjeux de la modernité. Comment ? Par la maîtrise d’une palette à la fois aquatique et métallique qui joue la dualité (liquide/solide, léger/lourd, je/tu)

Certaines couleurs sont plus sonores que d’autres. Ainsi en va-t-il du bleu, du vert et du noir que l’artiste utilise comme s’il s’agissait de percussions. Les gris devenant alors l’écho de ces sons puissant que communique l’outre mer, le sénaple, et tous les noirs d’ivoire, de liège, de lie… flottant à la surface du tableau.

Peintre de la surface, Bayetto pourrait reprendre cette phrase de Valéry : le plus profond, c’est la peau ?